SociaNova participe aux Assises Nationales de la Protection de l’Enfance
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Lieu : Centre des congrès de Lyon
Thématique de l’événement : “Adolescence : quelle vie devant soi ? Quels enjeux, quels besoins, quelles réponses en protection de l’enfance”
Programme : ici
La question des actes usuels et non usuels dans le quotidien des jeunes accueillis en protection de l’enfance soulève des enjeux cruciaux, particulièrement pour les adolescents. Ces derniers expriment souvent le sentiment d’avoir une vie différente de leurs pairs, déjà marquée par des contraintes supplémentaires. Cela interroge sur la place qui leur est faite dans les structures d’accueil et sur celle qu’ils peuvent effectivement occuper.
Témoignages d’adolescents :
Les jeunes se demandent pourquoi ils ne peuvent pas bénéficier des mêmes libertés et opportunités que les autres enfants, et ce sentiment d’injustice ressort fréquemment dans les témoignages. Ce type de réflexion constitue une base essentielle pour les échanges entre professionnels, afin d’adapter leurs pratiques éducatives et d’écoute.
Présentation des intervenants et du cadre de travail
- Francis Robert : Représentant d’une maison d’enfants à caractère social (MECS) en Meurthe-et-Moselle.
- Nathalie Bergot et Gwen Le Vourch : Éducatrices spécialisées dans un foyer breton (Ty Ar Gwenan) appartenant à la sauvegarde de l’enfance du Finistère.
- Mathieu de Launay : Directeur adjoint en protection de l’enfance dans le Nord.
- Muriel Crebassa : Magistrate et juge des enfants à Versailles, avec une longue expérience dans des fonctions variées.
- Maxime Groulx et Christina Winter : Grands témoins ayant une expérience personnelle de la protection de l’enfance et des parcours universitaires brillants.
Exemple de pratique innovante : le projet Prosper
Le projet Prosper, développé par l’association CREAI Bretagne, illustre un modèle d’écoute et d’implication des jeunes. Le nom symbolique (“Pro” pour professionnel et “Pairs” pour pairs aidants) reflète une démarche visant à donner une voix active aux jeunes en protection de l’enfance.
- Origine et objectifs :
Le projet, initié en mars 2022, avait pour but de rassembler des jeunes pour qu’ils expriment leurs ressentis sur leur accompagnement quotidien. Il s’agissait également de les encourager à partager leurs expériences, positives ou négatives, afin de proposer des améliorations concrètes dans les pratiques professionnelles. - Déroulement et résultats :
Plusieurs ateliers ont été organisés, notamment une journée forte à Rennes en collaboration avec une association italienne. Cette rencontre s’est concentrée sur les conditions de vie des jeunes en placement, en lien avec la notion d’attachement, la stigmatisation et leur vision de l’avenir.
Initiatives éducatives et culturelles
Dans le foyer Ty Ar Gwenan, diverses activités enrichissantes ont été mises en place pour renforcer les liens et valoriser les jeunes :
- Voyages à l’étranger (Maroc, Espagne, etc.) pour ouvrir leur horizon.
- Organisation de comédies musicales comme un moyen d’expression et de création collective.
- Participation active à des événements internationaux, comme les 30 ans de la Convention des Droits de l’Enfant à l’UNESCO.
Ces initiatives permettent aux jeunes de se sentir impliqués, valorisés et considérés comme acteurs de leur propre vie.
Apports du projet Prosper et collaboration avec l’Italie
L’expérience italienne a été intégrée au projet Prosper, avec un focus sur les jeunes sortant de la protection de l’enfance à 18 ans. En Italie, l’absence de dispositifs comme le contrat jeune majeur laisse souvent ces jeunes livrés à eux-mêmes. Des réseaux de pairs aidants y ont été développés pour pallier ce manque de soutien, une pratique inspirante pour le système français.
Principaux thèmes abordés lors des ateliers
- Attachement :
Les jeunes ont évoqué le besoin de relations plus équilibrées et sincères avec leurs éducateurs, notamment sur le partage d’informations personnelles. Cela répond à un besoin d’humanisation des relations. - Stigmatisation :
L’impact de la stigmatisation, notamment dans le cadre scolaire, a été particulièrement souligné. Les jeunes souhaitent que les éducateurs et autres professionnels travaillent davantage en collaboration avec les enseignants pour prévenir ce genre de situations. - Représentation et voix des jeunes :
L’atelier a démontré que les jeunes ont des idées claires sur ce qui pourrait améliorer leur vie quotidienne et leur accompagnement. Ils demandent à être considérés comme des acteurs à part entière dans les décisions qui les concernent.
Perspectives pour l’avenir
Le projet Prosper a montré que donner une place centrale à la parole des jeunes peut transformer les pratiques professionnelles en protection de l’enfance. Les recommandations issues de ces échanges incluent :
- Développer des approches participatives pour impliquer les jeunes dans l’élaboration de leur parcours éducatif.
- Sensibiliser les professionnels à l’importance de la transparence et de l’équilibre dans leurs relations avec les jeunes.
- Lutter contre la stigmatisation à travers des actions de formation et de sensibilisation dans les milieux scolaires et sociaux.
Confiance et sécurité dans la relation éducative
Matthieu Launay a souligné l’importance d’anticiper les freins parentaux et de désamorcer les difficultés pour établir une relation éducative de confiance avec les adolescents. Il a insisté sur l’écoute active de la parole des jeunes, essentielle pour leur développement et leur bien-être. Cette approche vise à créer un environnement sécurisant, où les adolescents se sentent compris et soutenus, favorisant ainsi leur épanouissement personnel et social.
Parrainage pour faciliter le quotidien
Francis Robert a présenté le parrainage comme un dispositif efficace pour améliorer le quotidien des adolescents en protection de l’enfance. Le parrainage offre aux jeunes un soutien affectif et social supplémentaire, en leur permettant de tisser des liens significatifs avec des adultes bénévoles. Ces relations contribuent à renforcer leur réseau social, à développer leur confiance en eux et à faciliter leur insertion dans la société.
Participation, responsabilisation et mieux-être
Nathalie Bergot et Gwen Le Vourch, de la Maison d’Enfants à Caractère Social (Mecs) Ty Ar Gwenan (ADSEA 29), ont partagé leur expérience où la participation active des jeunes rime avec responsabilisation et mieux-être. Elles ont illustré comment impliquer les adolescents dans les décisions les concernant favorise leur autonomie, leur sens des responsabilités et leur bien-être général. Cette démarche participative permet aux jeunes de se sentir acteurs de leur vie, renforçant ainsi leur estime de soi et leur motivation.
Préservation de l’histoire personnelle
La conservation des traces de l’histoire personnelle des adolescents a été identifiée comme un élément clé pour leur construction identitaire. Reconnaître et valoriser leur passé permet aux jeunes de mieux comprendre leur parcours, de se projeter positivement dans l’avenir et de renforcer leur résilience face aux défis rencontrés.
Échanges avec le public
L’atelier a également inclus un temps de questions du public, permettant des échanges interactifs et l’approfondissement des sujets abordés. Les participants ont pu partager leurs expériences, poser des questions aux intervenants et discuter des défis et des solutions possibles pour améliorer la vie quotidienne et sociale des adolescents en protection de l’enfance.
Conclusion
Cet atelier a mis en lumière l’importance d’adopter des approches centrées sur l’adolescent, en privilégiant la confiance, la participation active, la responsabilisation et la reconnaissance de l’histoire personnelle. Ces éléments sont essentiels pour favoriser le bien-être et l’épanouissement des jeunes en protection de l’enfance, en leur offrant un cadre sécurisant et en les accompagnant vers une autonomie réussie. En écoutant attentivement les témoignages des jeunes et en valorisant leurs propositions, les structures de protection de l’enfance peuvent devenir des lieux d’épanouissement, malgré les défis. Les initiatives telles que le projet Prosper offrent des perspectives concrètes pour faire évoluer les pratiques en faveur d’un accompagnement plus humain et respectueux.